L'Inde vit l'arrivée au pouvoir, en 1998, du BJP, le Parti du peuple indien, et avec lui la montée du nationalisme hindou. Le BJP est un parti politique d'extrême droite créé à l'occasion des premières élections générales de 1951 - 1952, par le RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh). Ce mouvement nationaliste hindou s'est constitué dans les années 20, avec pour voeux de défendre la religion hindoue que ses partisans voyaient menacée par la minorité musulmane (15% de la population indienne).
Atal Behari Vajpayee, ancien premier ministre (battu à la surprise générale aux élections du 13 mai 2004) et membre du RSS est à l'origine de violences dramatiques. En 1992, des extrémistes hindous, financés par le VHP (Association hindou universelle) détruisirent la mosquée d'Ayodhya en Uttar Pradesh. Ce monument religieux, bâti au 16è siècle, était supposé se trouver à l'emplacement exact d'un ancien temple dédié à Rama. De plus, Ayodhya est censé être le lieu de naissance de Rama. La destruction de la mosquée le 6 décembre 1992 entraîna des affrontements intercommunautaires faisant 2000 morts. La reconstruction d'un temple hindou au même endroit faisait partie du programme électoral du BJP en 1998.
Les responsables du RSS haranguent les fidèles sur le réveil de la conscience hindoue et minimisent les violences faites aux musulmans. Devant les journalistes*, ils déclarent que les musulmans auraient du quitter l'Inde pour le Pakistan lors de la Partition de 1947. Le RSS s'inscrit dans le tissu social indien, tient des écoles aux sermons idéologiques "Hindu, hindi, hindustan" (un peuple, une langue, un pays").
La minorité chrétienne n'a pas été épargnée par les violences lors de l'arrivée des nationalistes au pouvoir. Viols, agressions, destruction de bâtiments, les chrétiens sont accusés de prosélytisme par le VHP. En mars 2004 des femmes chrétiennes ont été tondues.
Le 13 mai 2004, le BJP a été battu par le Parti du Congrès, avec à sa tête Sonia Gandhi, belle fille d'Indira Gandhi. D'origine italienne, catholique, plébiscitée pas le peuple indien, elle a renoncé au poste de premier ministre par crainte de s représailles. Désigné par le parti du Congrès pour former le gouvernement, Manmohan Singh devient le premier Sikh à diriger l'Inde. Il faut espérer que ce changement de gouvernement apaisera les tensions et que l'Hindouisme se présente de nouveau au monde comme la religion tolérante qu'elle est.
*Le Point, 18 juillet 2003, n°1609